mercredi 11 juin 2014

Postface 1, le 12 juin 2014

Trois ans. Trois années ont passé depuis la dernière entrée rédigée sur ce journal resté inachevé. Inachevé parce que je n’ai jamais eu le temps/la force/ le courage d’y raconter mes derniers mois de voyage en Argentine, au Chili et en Equateur, effectués en Aout 2011. A l’époque, j’avais laissé mes « entrées » à l’état de brouillon sur un cahier que j’ai perdu depuis.


J’avais énormément de choses à raconter sur ce dernier mois absolument fabuleux, dans ce pays aux milles facettes toutes plus étonnantes les unes que les autres qu’est l’Equateur. Et puis voilà, trop de chose à dire, et pas assez de courage pour les raconter. Et puis le silence, plusieurs années de silence. Trois ans. Trois années ont passé depuis mes derniers pas en Amérique latine. Trois années européennes de fin d’études. Trois années à se souvenir, parfois, de la poussière de Mendoza, des Andes toujours à l’horizon, de la chaleur épaisse de l’Amazonie, des couleurs de Valparaiso, de la blancheur aveuglante d’Uyuni, de la fournaise de La Paz, de la tranquillité du Titicaca et de sa Isla del sol, de la majesté du Machu Pichu. Mais moi, j’avais promis d’y revenir.


Après trois ans, plus tard que je l’aurai espéré mais plus vite que je ne l’aurai cru, je retourne en Amérique latine. Non, il ne s’agit pas d’un séjour de long terme, rien à voir avec la chance d’y vivre une année universitaire entière. Cette chance là est passée, je l’ai usé jusqu’à la lie, mais elle est belle et bien passée. Non, je n’y resterai que deux mois. Trop peu pour vraiment y retourner corps et âme, mais suffisamment pour de nouveau se surprendre à aimer s’y ennuyer, le temps d’une après-midi à vadrouiller ici ou là sans savoir précisément que faire, ni ou aller. L’idée - le rêve - de s’y installer quelques années n’est pas mort. Elle trotte toujours quelques parts dans ma tête.


Pour le moment, j’y retourne quelques semaines, le temps de ressentir les odeurs, de saluer quelques amis, le temps de quelques rencontres, de quelques galères, de quelques pépites. Le temps de longues vacances, deux mois tout de même. Le temps de savourer, aussi, le privilège du temps et des moyens. Le temps passe vite. Trois ans, un clignement d’œil. A Mendoza, plusieurs des gens que j’ai croisés sont partis, vers Buenos Aires, vers la Patagonie. Et plus je me prépare à repartir en Amérique, pourtant à des milliers de kilomètres de l’Argentine, plus je me surprends à penser à eux. Le charme de l’éloignement silencieux s’est quelque peu tari depuis l’ère des réseaux sociaux, mais tout de même. La vie change, et à une vitesse étonnante. Se dire cela, à bientôt 25 ans, me paraît quelque peu morbide. Mais finalement, sommes-nous préparés à voir nos vies ainsi s’accélérer ?


Trois ans. Trois années sont passées. Trois années que je me demande parfois comment conclure ce journal. Comme reparler des souvenirs quand la poussière les recouvre inexorablement peu à peu ? Et quel ton adopter ? L’humour, la nostalgie ? En trois ans, le monde a changé. Je me souviens. Je me souviens avoir parlé dans ce journal de l’explosion de la Grèce, des premières bribes de la crise européenne dans laquelle nous sommes, trois ans plus tard, toujours englués. Il y a trois ans, Ben Laden se faisait prendre et tuer, Strauss-Kahn se faisait prendre et humilier. Des évènements qui semblent s’être passés hier. Pourtant, quand je ferme les yeux et que je me revois, dans ma petite chambre en bois de Mendoza, apprendre de telles nouvelles sur internet, j’ai l’impression de revoir un autre âge.


Le temps passe vite. Et finalement, c’est peut-être mieux ainsi. J’avais pensé parler de bien des choses lors de cette nouvelle entrée. Résumer les semaines Equatoriennes de 2011, mais c’est inutile, puisque que vous en parlerai d’ici quelques jours. Finalement, je vais m’arrêter ici, en vous donnant rendez-vous dans environ deux semaines, à l’occasion d’un petit topo sur Bogota, qui sera, comme toute la Colombie, dans l’effervescence de sa campagne présidentielle. A bientôt, donc.






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Passe passe passe le temps 
Autrement dit 
Passent les nuits
Les jours aussi se raccrochent
Et la mer se déverse parfois
Dans la gorge d'une folie 
Qui ne crie jamais son nom 
Passent passent passent les mots 
Comme on dit 
Passe la vie 
Passe la vieillesse aussi 
Sous couvert d'un silence 
Bien trop bavard 
Pour être sans scrupule 
Ursula la belle, la fière, passe aussi 
Sous ma fenêtre ma fenêtre tombe le gui 
Sous ma fenêtre ma fenêtre elle s'enfuit 
Passent passent passent les discours 
Plein d'espoirs, sans amour 
Passent passent passent les gens 
Les petites gens, le menu peuple, les honnêtes 
Passe passe passe la bourgeoise, et tous les nantis 
Qui se moquent de nous à gorges pleines 
C'est la culture, et à coté, le surplus et la peine 
 C'est Copolla, c'est Kubrick 
Et nous la misère 
Passent passent passent les regrets la vie en cercle nous encercle 
Passes passes passes toi aussi 
Détourne toi c'est la plus jolie des choses 
C'est une fleur tachetée d’ecchymoses 
C'est une fille aux reflets roses 
Qui s'offre à un soleil nouveau.





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Voici, en attendant, des photographies prises en Aout 2011 en Equateur lors du premier voyage: