dimanche 22 août 2010

suite fin, photos





Suite 2, photos





Suite, photos





Sixième entrée, du 14 aout au 21 aout 2010






Peut-être que ce n'est que quand la routine s'installe que l'on commence à s'intégrer. Quand ces lieux que l'on découvrait il y a peu deviennent autant d'images qui, jour après jour, façonnent un chemin devenu familier. C'est la grande différence entre le voyage itinérant et l'installation à moyen terme. C'est aussi, je pense, la seule façon d'appréhender un pays, sa mentalité, ses mœurs, son histoire. Je vous ai déjà dis avoir du mal à comprendre l'Argentine. En fait, si ses paradoxes m'apparaissent irrésolvables, c'est que je ne peux que la voir de mes yeux européens. L'Argentine à sans doute sa propre logique, indépendamment de celle de l'Europe, et qu'elle ne peut se comprendre par la seule application du schéma paradigmatique européen. L'Argentine n'est donc pas la France d'il y a cinquante ans. Je ne suis pas devant un miroir reflétant la France passée. Elle a sa propre histoire, et trace son propre chemin.
C'est toute la difficulté de l'étranger, et du travail de décentrement nécessaire pour connaître le pays ou il s'installe, pour un mois, ou pour la vie.
L'histoire argentine, que je ne connait que très peu, me paraît particulièrement sinueuses. Périodes de crises et de croissances se succèdent. Hier, à l'université, nous devions en groupe travailler sur un texte anthropologique. Ce fut l'occasion d'engager la discussion avec un argentin d'une bonne trentaine d'années. Je lui demande ce qu'il fait dans la vie, en dehors de ses études. Il travaille dans le social, en soutenant des enfants défavorisés et en difficultés. C'est fréquent. Ici, il a un nombre impressionnant de "travailleurs sociaux". Chaque faculté possède son cursus de "Trabajo Social", formant à de tels métiers. Lui faisant part de cette remarque, il m'explique alors que l'Argentine, après la crise économique de 2001, véritable traumatisme collectif, a su prendre ses responsabilités, et a développé un système vigoureux de soutien aux populations démunies. La réglementation évolue aussi, comme l'illustre les lois de protection des mineurs (limitation de peines de prison aux mineurs,...). L'Argentine avance. Mais ici encore, le tableau est mitigé. La violence, qui me semble lointaine, fait parler d'elle. Ici, de nombreuses personnes déconseillent fortement de rentrer tard le soir, et surtout pas seul. J'ai appris qu'un Français, dans une des rues du centre-ville, a été détroussé. Deux personnes l'ont menacé, une d'elle avait un bâton en bois, l'autre un Révolver. Dans ces cas là, on ne cherche pas d'histoire. Quel soit omniprésente ou non, cette violence est devenue un terrain d'opposition politique. La droite dénonce une situation dangereuse, en constante détérioration, la gauche, elle, dénonce une paranoïa excessive. Vous l'aurez compris, les débats, de chaque coté de l'Atlantique, sont les mêmes. Enfin presque. Ici, la mode de l'écologie n'est pas aussi pregnante qu'en France. On laisse toujours la lumière allumée; on chauffe la petite cuisine, ou l'on est presque jamais, en maintenant allumées les plaques fonctionnant au gaz; dans les super et hypermarchés, on distribue toujours gratuitement des sacs plastiques. C'est que ici, l'énergie est bon marché. Une amie me racontait qu'après avoir fait remarquer à son propriétaire que la lumière de la cours restait constamment allumée, celui-ci avait répondu que ce n'était pas grave, puisque l'électricité n'est pas chère... Ce n'est que les gens se moque du réchauffement et des questions de développement durable, mais les réflexes "citoyens" ne sont pas encore largement implantés. Il est toujours difficile de promouvoir l'écologie sans faire miroiter des économies. En France, on pensait que la mode des 4*4 était passée, et qu'enfin les automobilistes prenaient conscience de leurs responsabilités environnementales. Mais quand le prix de l'essence a diminué, les ventes de 4*4 ont fait l'inverse. Autre exemple: à l'université, les tonnes de photocopies à faire chaque semaine n'étonnent personne.

L'université... Parlons-en d'ailleurs, maintenant qu'elle fait partie de mon quotidien. Pour le moment, j'ai quatre cours par semaine (plus que la moyenne des locaux, et des autres étrangers présents, mais bon...). Ici, on travaille sur des textes, nombreux, à lire pour chaque séance, et donnant lieu à une interrogation écrite à faire en groupe. A cela s'ajoute deux contrôles dans le semestre, et des examens en fin de période. Il faut lire et ficher. Promis, j'y penserai. Je suis donc les cours d'"Ideas politicas de America Latina", d'"Antropologia social y cultural", de "Communicacion cinematografica" (excellent cours), et, je pense, d'"historia de Argentina" (je n'ai pas encore choisi mon dernier cours). Les modalités de contrôle me restent souvent un peu mystérieuses, et je ne comprends vraiment pas tout. Mais bon, il parait que ça fait aussi partie du jeu. Alors, ne soyons pas mauvais joueurs. Comme en France, les informations circulent mal, quand elles ne sont pas contradictoires... Mais comme j'ai trois jours de weekend, cela me laisse le temps pour préparer mes excursions, voir mon voyage à venir au Chili, Pérou et Bolivie.

La première excursion fut d'ailleurs assez rocambolesque. Nous devions partir pour visiter une ville à deux heures de routes, mais nos informations sur les bus s'étant révélées fausses, nous avons du, au dernier moment, improviser une visite au hasard des horaires des "colectivos", comme on dit ici. Nous voilà à Puntugato. Putungato, c'est une petite ville de la banlieue de Mendoza, plus modeste. Ici, chose marquante, la population est bien moins "européenne". Le faciès Indien est bien plus présent. Il semble donc exister une certaine ségrégation silencieuse, même si l'expérience me manque encore pour l'affirmer. Nous devions visiter un volcan, culminant à tout de même plus de 6000 mètres. Sauf que ce dernier était à trente kilomètres de la ville, que le bus pour le gagner était déjà parti, et qu'il n'y avait strictement rien à faire. Nous sommes donc partis marcher dans les hautes collines qui annoncent les Andes. Pour y aller, une seule solution: Les remis. En gros, se sont des particuliers qui font le même travail que les taxis, mais de façons complétement indépendante, tout en étant sous licence. Une alternative donc. Déjà, il y a quelques jours, nous avions emprunté, pour suivre une soirée dans un bar, des taxis "illégaux", sans licence. Chose à ne pas faire, vous vous en doutez. Mais à 20 dans 5 voitures, j'imaginais mal la scène de l'enlèvement, et puis les prix étaient les mêmes. En Argentine, les transports en commun, c'est souvent l'occasion de faire du sport. Dans les bus, dont les chauffeurs doivent sans doute tous être des pilotes de formule 1 à la retraite, il faut largement anticiper la descente, tout en évitant de tomber dans les virages souvent pris de manière quelque peu brouillonne, parce que le chauffeur n'attend pas. Sinon, soit on rate son arrêt, soit on saute en marche, comme j'en ai fais l'expérience en arrivant à la fac. Ce fut une sublime cascade, avec une réception néanmoins un peu ratée... Les taxis, eux, ne sont pas en reste. En Argentine, il n'y a pas de ceinture de sécurité. En fait si, mais pas l'embout qui va avec. Personne ne l'utilise donc. La police s'en moque, autant que voir 8 personnes dans une voiture.
Bref, nous voilà à attendre un de ces fameux remis. Un arrive enfin. Une voiture rouge, vielle, cabossée. En gros, toute pourrie. Nous sommes six à l'arrêt de bus. Nous quatre, et deux locaux, dont un enfant d'environ 8 ans. Les deux premiers s'installent. L'enfant s'assoit devant, à coté du chauffeur. Ce dernier se tourne vers nous, et demande notre destination. Nous répondons. Il se retourne et semble faire un calcul dans sa tête. Six, c'est trop pour caser tout le monde, mais en même temps, ça ferait une belle économie d'essence! Il ouvre sans un mot le minuscule coffre de son tas de ferraille, puis la porte passager avant, derrière laquelle se trouve l'enfant dont son visage se décompose. Merde, il va foutre l'enfant dans le coffre pour faire rentrer tout monde! Nous intervenons pour dire que nous attendrons son retour. "Vous êtes sur?" "Oui, oui". L'enfant est sauvé. Il nous reste tout de même ce souvenir assez dingue, scène pittoresque qui, excusez moi, m'a bien fait rire. Le remi reviendra pour nous déposer dans un camping, donnant sur notre lieu de ballade. Notre grand ami reviendra nous chercher deux heures plus tard, pour retourner au terminal d'auto-bus après deux pannes de moteur.
Sinon, le climat devient franchement agréable. Nous sommes toujours en hiver, mais on se promène en T-shirt la journée. Au soleil, ça tape vraiment, même si le soir, on remet les pulls. On ne m'a pas menti, les différences de températures sont impressionnantes, que se soit entre le jour et la nuit, ou même entre quelques semaines d'intervalles. Il y a deux semaines, il neigeait encore, même si ça ne prenait pas sur la ville... La neige, elle reste toujours lointaine. On la voit au loin, sur les hauteurs des Andes. J'ai eu l'occasion d'en toucher à Putungato, mais c'est tout. Pourtant, c'est le poumon de la région. Sans elle, pas de vigne, et pas de vin! La région est désertique, et c'est elle qui après la fonte, permet d'irriguer la terre. A Mendoza il y a, entre la route et le trottoir, des espèces de fossés à ciel ouvert dans lesquels on manque souvent de se casser la gueule. En fait, ils ne sont pas là pour piéger le touriste saoul, mais pour permettre l'évacuation de l'eau venue des Andes.
Mais passons au plus important, bien sur, mon anniversaire! Tout de même! J'en garderais, c'est certain, un excellent souvenir. D'abord parce qu'il restera teinté d'un brin d'exotisme, mais surtout parce qu'il a été chaleureusement fêté. Après m'être levé, je tombe sur Fernando. Il me sert fort, me fait la bise, et me demande de fermer les yeux. Méfiant, j'obéis. En les rouvrant, ce dernier me tend un petit bocal en verre renfermant de l'herbe. Pourquoi m'offrir du Maté alors qu'il y en plein dans la cuisine, et que chacun peut se servir librement? Je ne comprend pas trop. Au bout d'un moment, je me dit "Il ne m'a tout de même pas offert un bocal de Marijuana?". Je voyais mal un mec de 44 ans m'offrir ça, après deux semaines de "vie commune". Mais c'est vrai qu'une des toutes premières questions qu'il nous avait posé était de savoir si nous consommions de la Marijuana. Étrange. Il nous avait ensuite expliqué être effaré de voir combien les Français fumait. "Tous, ils fument tous". Il n'a pas vraiment tord d'ailleurs. Les sondages sont clairs, en France, les jeunes consomment beaucoup de cannabis. Les argentins considèrent les européens comme de grands consommateurs. Ici, la consommation est différente. Pas de grande feuilles, on ne roule que dans des petites. Ce que tout les français disent, c'est que le produit est par ailleurs beaucoup moins fort. On y recherche peut-être plus le gout qu'autre chose, mais c'est surtout qu'il pousse naturellement, sans engrais, sans lumière artificielle. La dose de THC, responsable des effets du produit, est bien moins élevée. Mais revenons à notre bocal. Finalement, Pauline demande ce que c'est. "De la Marijuana." Ah si! En la sentant, elle dégageait une odeur très agréable, mais ne semblait pas forte, effectivement. L'effet procuré est d'ailleurs quasi-nul. La preuve: ici, on ne la coupe pas avec du tabac, mais elle se fume pure. Les Argentins semblent être nombreux à la fumer. Ils en parlent beaucoup, demandent si nous avons les mêmes produits en France, les mêmes méthodes, ect... Mais ils consomment peu, ou de manière très occasionnelle. Bien sur, c'est une remarque générale, cela dépend aussi des habitudes des chaque groupe. Fernando, par exemple, qui en a en permanence dans sa chambre, ne fume presque jamais. Mais ici, le cannabis, et toutes les drogues en général, sont un grand sujet de conversation. Je n'ai pas eu une seule soirée sans entendre un argentin se lancer sur le sujet. Mais on en parle bien plus qu'on en consomme. En soirée, je ne vois presque jamais de cannabis.
Le soir, des amis sont venus manger des Empanadas à l'appartement. Des empanadas, ce sont des espèce de chaussons fourrés à la viande, au fromage, au jambon, aux épinards... Les Samosas d'ici, si vous voulez. J'ai eu le droit à un gateau d'anniversaire... et même à des cadeaux surprises! Un chapeau de gaucho (les cowboys Argentins, en gros), un porte monnaie en cuir, et deux autres cadeaux plus délirants (que je ne décrirais pas ici, j'espère avoir un minimum de vie sociale en rentrant en France). C'est une chose tout de même très forte, que de voir des gens, que l'on ne connait finalement que peu, organiser tout ça. C'est aussi la force de cette année, les rencontres et les découvertes. Le soir, nous sommes allés à un concert de Ska, près d'une gare désaffectée, ou je n'ai, cerise sur le gâteau, rien eu à payer! Fini le strass des bar branchés du centre-ville. Ici, le style dominant est bien plus "roots". La fin de soirée fut comme la journée entière: géniale.

Aujourd'hui, ce fut la fameuse journée foot... Sans commentaire. Ici le football, comme je vous l'ai dit, c'est une religion. On croise souvent des portraits de Maradona tagués sur les murs, et les gens d'ici se déchainent, dans des débats passionnés, sur sa personne. Bref, nous avons rendez vous avec des argentins pour un match France/Argentine, en 5 contre 5. Mais impossible d'avoir 5 Français... Nous n'étions que deux. Le copain de Pauline, Nicolas, et moi. Tant pis. Ce match sera "mixte". Nous nous y rendons en Pickup, nous derrière, à l'air libre, contents comme des gamins de pouvoir parcourir la ville sous le soleil, de rebondir sur les dos d'ânes, et de sentir le vent dans les cheveux. Le match en lui même a durée une petite heure, sans pause, ce qui constitue une torture pour ma carrure de brin d'herbe. Je me suis tout de même illustré en faisant une passe décisive... pour un but adverse! Mais que voulez vous? Ne pas jouer au foot en Argentine, c'est venir en France sans bouffer de camembert. Et encore. Après un verre de soda tous ensemble, nous sommes aller chez d'autres filles du groupe, pour boire le Maté. De retour à l'arrière du Pickup, nettement plus serré, pour nous y rendre. L'occasion aussi pour moi d'en apprendre un peu plus sur le rituel du Maté, à savoir qu'il ne faut pas dire "Merci" quand quelqu'un nous le tend, cela signifiant un refus. Ce soir, nous devons retourner dans cette maison pour un second rite argentin. Après le foot, le Barbecue, bien sur!
Soleil, foot, chaleur, pickup, barbecue... C'est les vacances ou quoi?
Disons que c'est aussi le positif de cette expérience. Il reste que la France me manque, enfin, que les gens peuplant la France me manquent (enfin, pas tous hein!). Il reste qu'il me faut encore trouver un stage, au pays ou ici (mais plutôt au pays, pour les revoir, ces fameux gens!), et que ça me stresse de plus en plus. Il reste qu'il faudrait aussi se mettre au boulot. Il reste que je crains toujours de ne pas réussir à pleinement tirer l'essence de cette année, que les doutes restent coriaces, que la nostalgie perdure, et que j'ai peur de voir le soufflé retomber. Il reste aussi que Fernando s'en va en septembre, et que mine de rien, ça me fais mal au cœur. Nous nous étions attachés à cet homme de quarante ans, un peu étrange, solitaire, paternel, passionnant, humain, peu compréhensible, et immensément cultivé. Ce départ, le premier avant tout ceux qui viendront en Novembre (en gros, seuls les Français de mon école restent un an), me touche vraiment. C'est aussi ça les rencontres: elles finissent toujours par un départ.

Les photos, en vrac:

-Immeuble de l'appartement
-Faculté (le bloc de béton)
-Rues de Mendoza
-Banlieue
...

samedi 14 août 2010

Cinquième entrée. Du 10 au 14 aout

Voilà deux semaines que je suis en Argentine. Deux semaines que les nuits se suivent, et ne se ressemblent pas. Deux semaines de rencontres, de discussions, de nostalgies, de joies, de peines, et de tout le reste.

Il y a deux semaines, j'étais encore en France. J'ai l'impression que je suis ici depuis des mois. En même temps, il s'en est passé des choses! Je ne sais pas combien de temps il me faudra pour en tirer quelque chose, je ne sais même pas si je pourrai en tirer quoique ce soit. Mais ce qui est sur, c'est que chaque jour apporte son petit lot de tristesses et de découvertes, de bien-être et de questionnements. Je vis entre solitude totale et grouillement constant. Cet équilibre fragile me plait.

Revenons à l'université, ou j'ai commencé péniblement les cours. Ici, l'université a un petit aspect chaotique plutôt plaisant. J'imagine qu'en France, dans les années 70, cela devait ressembler à ce que je vois ici (j'aurais aimer illustrer cette entrée de quelques photos, mais mon appareil m'a lâché sur le Campus... Encore une chose à racheter). Le combat syndical y est constant. Les couloirs sont remplis de tables, sur lesquelles les étudiants passent leur temps à faire des affiches revendicatrices en fumant des clopes. Révolution, classe ouvrière, laïcité, subvention, liberté... Ces mots sont partout, sur toutes les pancartes, au bout de tout les pinceaux. Elle est loin, l'université Française aux combats stériles, passagers, souvent sans fond ni consistance. Ici, ça bouillonne. Les idées circulent. L'avenir Argentin sera radieux. Il y a des gens qui pensent, s'investissent, se passionnent. L'Amérique latine est une cocotte minute sous pression. L'Europe dort. L'avenir, ici, c'est la jeunesse. Ses espoirs, ses conneries, sa folie. La course aux diplômes, la compétition... Les argentins n'y sont pas sensibles. La culture, le combat politique et les projets de société, voilà ce qui fait vivre l'université de Cuyo. On y retrouve les thèmes chers à l'Amérique Latine, et entre autre le rêve, sans doute vain, de la pan-américana, l'Amérique Latine unie derrière une même culture. L'Amérique latine, c'est un peu l'union dans la diversité. C'est un peu ce que l'Europe a raté, sans doute à cause de la forte diversité linguistique, mais aussi d'une histoire politique finalement assez fragmentée. Ici, tout se rejoint. L'Opération Condor des dictatures latino-américaines, le combat pour l'indépendance, les pressions de la CIA, Videla et Pinochet, les criollos, le Mercosur, et ce mouvement de fond, réel, tangible, du socialisme. Lula, Morales, Chavez... Entre populisme et mouvements gauchistes, l'Amérique Latine marche entre pauvreté, développement, autoritarisme, abus et croissance. Les choses changent. Ce dynamisme, souvent trop anarchique, manque aujourd'hui au vieux continent. De l'audace, de l'espoir, de la jeunesse! Ce cocktail est l'énergie de l'avenir, à condition que la liberté ne meurt pas sous la tentation, forte, d'un populisme qui, nourrit des espoirs d'un peuple, ne viendrais que desservir sa cause. La volonté est là. Reste à la canaliser.
Voilà pour l'élan poétique. Car il reste que la pauvreté, non comparable à celle de l'Afrique, demeure. Que la corruption sévit, et que l'image d'un continent-nation reste lointaine. Entre une Argentine pour partie prospère, le Pérou en développement, le Mexique en état de violence permanent, et la Bolivie pauvre, c'est la pluralité qui l'emporte. En quelques heures de bus, on passe d'un monde à l'autre. C'est du moins ce que j'entends, en parlant avec ceux qui voyagent sur le continent.
L'Argentine n'échappe pas à cette diversité. Elle me reste mystérieuse, contradictoire et parfois même illogique. D'un coté, je vois une jeunesse heureuse, sexuellement libérée, notamment après des années de dictatures très conservatrices sur les questions de mœurs (l'Espagne a connu le même phénomène, après les années Franco, comme si la population se dépêchait de rattraper le retard et les frustrations). D'un autre coté, le machisme reste fort. Hier soir, j'étais chez des amis. Nous étions une bonne vingtaine. Des argentins en nombre, des allemands, une italienne, des français, un bolivien. Un argentin me propose de faire un football le lendemain. J'accepte. Une Allemande, grande, blonde, très belle, intervient. Elle dit aimer le foot, y jouer, et bien maîtriser ce sport. C'est évident, elle attend aussi l'invitation, qui ne vient pas. J'émets l'idée de la convier à nous. L'argentin répond que non, demain, c'est "entre homme". Un autre jour peut être. De nombreux Français m'ont expliqué que les garçons étaient charmants, joviaux, sympathiques, et très accessibles. C'est en revanche plus difficile de sympathiser avec les Argentines. Elles ont tendance à former des groupes très fermés. L'idée d'égalité homme-femme, dans les rapports sociaux, reste relativement faible. Bien sur, c'est une image grossière, mais sans caricature, bien fort est celui capable d'expliquer en quelques lignes un pays. Et puisque l'Argentine n'est plus à un paradoxe près, c'est une femme, Kirchner, qui la préside. A la suite de son mari, c'est vrai, car celui-ci ne pouvait diriger le pays deux mandats de suite.

De toute façon, aujourd'hui, il a plu toute la journée. Pour le coup, le foot tombe à l'eau.

Autre exemple formidablement contradictoire: le mariage homosexuel. Légalisé ici alors que l'avortement reste impensable (l'inverse qu'en France!). Les syndicats étudiants en sont fiers, et sur les affiches confectionnées dans les couloirs de la fac, on y annonce le prochain combat: l'avortement gratuit et... la séparation de l'Eglise et de l'Etat! Le mariage gay, en voilà un débat ici! Entre ceux qui applaudissent, et les affiches collées dans certains kiosques à journaux disant, en montrant un enfant ("Je veux et j'ai besoin d'un papa et d'une maman"), on argumente avec passion. Mais d'une manière générale, les Argentins sont plutôt favorables au "mariage égalitaire". En ce qui concerne l'adoption, les avis sont beaucoup plus partagés (l'adoption est aussi légale depuis.). En Argentine, on ressent combien les influences sont nombreuses. Européennes, américaines... La Police est très présente, lourdement équipée. Elle est là pour montrer que c'est bien l'Etat qui possède le monopole de la violence physique légitime. Cette expression, (de Weber) dans le jargon des sciences politiques (on adore dire des mots compliqués pour une idée toute conne), ça veut dire qu'y a que l'Etat qu'a le droit de taper sur les gens. La violence reste une réalité forte sur le continent (mais moins ici), alors la police, c'est un outil étatique de pacification, et comme partout, un peu de magouille.

Après le repas, nous sommes allés danser, histoire de saigner davantage mon budget à l'agonie. Ici, la vie n'est pas chère, mais l'on paye souvent. Pour prendre le bus, pour obtenir les photocopie des textes à lire à la fac, 300 pesos pour le Visa... Mes changements de logements successifs m'ont coutés très cher (je me suis fais, disons le, bien arnaqué, et ma tentative d'obtention d'un remboursement, qui consistait à garder les clefs de la résidence en otage, m'ont plus attiré d'ennuis qu'autre chose). "On paye au mois. C'est tout." Tant pis pour moi, j'aurais du être moins con. Pas d'excursion au Chili ce mois-ci, et puis de toute manière, ce sera mieux d'y aller en Septembre, le Chili fêtera le bicentenaire de son indépendance! Certaines choses restent chers aussi. Le crédit téléphonique. Une ruine. On paye plus en appelant une personne n'ayant pas le même opérateur que soi. Les vêtements aussi sont chers. Quasiment les prix Européens. J'en crains l'été et le changement de garde-robe... Mais c'est que les Argentins consomment beaucoup. Ils sortent (les étrangers encore plus, comme c'est moins cher, on sort plus, on dépense plus...), boivent dans les bars... Entre la jeunesse citadine et celle des campagne, il y a un monde. Et Mendoza est touristique. Les prix, depuis quelques années, s'envolent. Mais le pays, petit à petit, se développe. Les disettes n'existent plus, et c'est tant mieux.

Et la France dans tout ça? Comment sommes-nous considéré ici? Et bien encore, c'est une question difficile. Pour certains, la France fascine. On y voit la culture, les arts, on y voit Paris et ses poètes. En venant ici, Cécilia nous a confié qu'elle sera fière d'annoncer à ses amis, artistes et souvent liés aux milieux littéraires, d'avoir des colocataires venant de Paris (ou presque). Pour d'autres, c'est l'indifférence. Un Argentin m'expliquait hier que l'Europe était pour lui le passé, et que l'Argentine regardait l'avenir, c'est à dire droit devant elle. Mais pour beaucoup, le vin, la tour Eiffel, la Sorbone résonnent dans les esprits d'une façon particulière. Pour Fernando en revanche, l'Europe, c'est la consommation, la luxure, le stress. Ici, on y vit mieux. La qualité de vie, c'est un de ses mots préférés. Cela dit, je me demande s'il ne vit pas d'une illusion. Entre Mendoza et Paris, je ne vois pas grande différence. Les mêmes magasins (Etam, Carrefour...), les grandes enseignes de High-Tech bondées dès 19H (1 heure d'attente pour m'acheter un minable rasoir électrique). Bien sur, en campagne, près des Bidonvilles ou en Bolivie, c'est une autre chose. L'Argentine d'aujourd'hui me fait penser à la France des années 50-60 (quelqu'un me croit si je dis que j'ai connu cette époque?), une forte croissance, mais des quartiers très pauvres, à l'image des derniers Bidonvilles Français, de l'ancienne ceinture rouge de la banlieue Parisienne, alors peuplée en grande majorité d'immigrés du Maghreb. Quand à Sarkozy, c'est souvent l'indifférence... à l'inverse de notre première dame, qui passionne les argentins, mais pas pour des raisons politiques! Reste que pour moi, c'est étrange d'être ici, de parler de la dictature, des violences policières, de la corruption, pour le soir lire sur internet que l'ONU met en garde la France contre son manque de volonté politique dans sa lutte contre le racisme, d'apprendre les expulsions à la chaine de camps de Bohémiens (souvent citoyens Européens), de voir des humoristes certes rarement drôles foutus dehors parce que politiquement incorrects (souvenez vous des débats télé des années 80, ou on se balançait des cendriers à la figure), de voir les vidéos de Moranno cracher sur les journalistes à tout va, vous savez, ceux qui l'empêche de "dire la vérité" (dans le monde de Nadine, ce sont les politiques qui disent la vérité), ceux-là même qui ont les méthodes de la presse fascistes des années 30. La politique a changé. Avant 2001, la valeur première était la liberté, le droit. Aujourd'hui, c'est la sécurité, au prix de cette liberté que l'on a évoqué pour partir en Irak, ou en Afghanistan. Les paradigmes changent. La monde marche à l'envers. Je vois la France se fermer, refuser l'autre, celui qui fait que l'Amérique Latine, produit de mélanges et de diversités, deviendra la puissance de demain. En parlant ici, je me rends compte combien l'on discute des mêmes choses, que les préoccupations sont les mêmes. Qu'a la fac, on y entend les mêmes théories; les mêmes auteurs. Qu'un Argentin qui parlerait Français ressemblerait à s'y méprendre à moi même. Qu'en parlant parfaitement Castillan, j'aurai presque tout d'un Argentin. C'est quoi un Français? Depuis quand a t-on inventé le Français? En 1789, quand tous se décapitaient pour une République ou pour un Roi? En 1880, quand des ouvriers rêvaient de l'internationale et des entrepreneurs du capital? En 1940? Et celui qui quitte la France pour ne plus payer les impôts servant à financer les difficultés des autres, les études de ses enfants, les soins dont il bénéficie après s'être cassé la jambe, celui là, il est Français? Il partage nos valeurs? Il est d'accord pour dire que l'impôt est un pilier de la république, ou il préfère ne pas payer pour les autres Français, pour sa nation? Il y a deux ans, j'avais feuilleté le bouquin d'un grand sociologue américain, Eugen Weber. Dans La fin des terroirs, il montre combien la France est restée fragmentée et combien l'émergence réelle de la notion de France est récente (il prouve notamment à quel point le Français n'a été qu'une langue vraiment nationale que très tardivement). J'ai quitté un pays où l'ambiance politique devenait nauséabonde, et ici, j'en sens toujours l'odeur:

-"Les critiques du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU, notamment sur la politique du gouvernement, ont été balayées par des responsables de la majorité."

-"Quinze jours après le discours de Nicolas Sarkozy à Grenoble et quelques mois après le débat sur l'identité nationale, ses experts, qui passent périodiquement au crible les cent soixante-treize Etats qui ont ratifié la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, n'ont pas manqué de pointer une "recrudescence notable du racisme et de la xénophobie" dans le pays, épinglant notamment la politique du gouvernement envers les Roms et les "Français d'origine étrangère".

Source: Lemonde.fr (affreux journal trotskyste)

-"L'ancien Premier ministre (ndr: Alain Juppé, qui a du prendre en secret sa carte au PS) dénonce, sur son blog, les «lois de pure circonstance» et les «exagérations peu compatibles avec nos valeurs fondamentales». 

Source: libération.fr

Et le plus drôle, je crois, c'est la réponse de notre ami le porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé, qui s'est indigné de "sa composition (du comité de l'ONU) avec des gens qui viennent de pays qui ne respectent absolument pas les droits de l'homme".
C'est tout de même terrible de voir qu'un homme politique assis devant de tels responsabilités ignore que les "gens" de ce comité ne parlent absolument pas au nom de leurs pays mais bien des Nations Unies, en toute indépendance vis à vis de leur citoyenneté. Ils parlent au nom d'un idéal universel, établi après la seconde guerre mondiale, après la Shoa, les nazis, les nationalismes.
Quand un expert de ce comité dénonce «une incitation à la haine»; quand l’expert togolais Kokou Ewomsan affirme une «recrudescence notable du racisme et de la xénophobie»; quand Waliakoye Saidou dit que «Le carnet de circulation nous rappelle l’époque de Pétain»; quand l’Américain Pierre-Richard Prosper affirme que «Ce qui manque en France, c’est une vraie volonté politique»; tout ces gens ne s'expriment nullement au nom de leurs Etats respectifs, mais au nom de l'ONU, et de l'idéal qu'elle promeut. Et puis de toute manière, en quoi l'avis d'un citoyen d'un Etat pourri serait il lui aussi pourri? Je suis Français, mais je n'ai pas la même vision du monde que celle de mon gouvernement! Tout les Allemands en 1939 n'étaient pas nazi! Tout les Américains en 2004 n'étaient pas comme Bush! Les mots utilisés de manière lapidaire ne cachent que le vide de la pensée. La communication est la pire ennemie de la politique, car elle place le discours au service du dogme, quand le discours doit être au service des idées.

Mais je sais, c'est la crise (inexistante ici), et puis les élections approchent. N'empêche que la première des responsabilités politiques, c'est de faire appel à la raison du citoyen, et pas à ses sentiments. Pour en arriver là, on a du se tromper quelque part. Il paraît que l'école est là justement pour épanouir la raison. Pas sur qu'à 50 en Première et sans cours d'histoire ou de philo, on l'exalte beaucoup la raison.

C'était le coup de gueule du jour, que je partage, je crois, avec un ami actuellement à Valparaiso, et dont je fais la promo à l'occasion: http://un-frances-a-valparaiso.blogspot.com/2010/08/lennemi-est-con-il-croit-que-cest-nous.html?spref=fb


En même temps, quand on a vingt ans, je crois qu'on voit toujours la fin du monde pour demain.

mardi 10 août 2010

Photographies de l'appart, caille San Martin


Quatrième entrée: Du 4 au 8 aout 2010






Que l'on soit à Paris, à Lille, à Buenos Aires, à Mendoza ou ailleurs, que retrouve t-on? L'universel existe t'il? Peut-on retrouver une pratique, une expérience commune? Bien sur, et la musique en est une, entre autre! J'ai eu l'occasion de le constater, un soir, dans la résidence. J'étais en train d'écrire une lettre sur mon ordinateur, en écoutant un morceau des Pink Floyd, quand mon ancien "colocataire" m'a confié qu'il adorait ce groupe. S'en est suivi une longue conservation sur nos goûts musicaux, illustrée par des morceaux trouvés sur le net. Une bonne heure à parler des groupes phares de la scène mondiale, malgré les difficultés de la langue. La musique, c'est vrai, rapproche les hommes. D'ailleurs, qu'entend-on en Argentine? Un peu les mêmes choses qu'en France. Entre Manu Chao et les Black Eye Peas, la mondialisation m'est apparue comme une évidence. La même musique, partout dans le monde, à la marge bien sur des styles locaux et des gloires nationales. C'est assez fou de voir comment Manu Chao, avec la Mano Negra, est chantonné partout en Amérique Latine, en Europe, et ailleurs probablement. En se produisant partout sur le continent (et certainement pas que dans les grandes capitales et par les circuits formels), par la circulation de CD gravés dans les quartiers populaires et les bidonvilles africains, graçe au bouche à oreille, et par la langue aussi (ils chantent en Espagnol, en Français, en Anglais...) ce groupe a été un des premiers à devenir un groupe "mondial". Aujourd'hui, le phénomène touche une grande quantité d'"artistes", souvent Anglophones, mais il se propage via des canaux différents. L'industrie musicale crée un produit conçu pour le marché mondial. Le charme "de la Mano" est loin, mais la magie, elle, reste toujours là. La mondialisation culturelle unifie le monde, c'est certain. Mais la diversité n'en mourra certainement pas pour autant. Le "village mondial" que certains ont prédit est loin. Et c'est tant mieux pour le monde, justement.

Jeudi, j'ai trouvé un nouvel endroit pour vivre. Un appartement, en plein centre ville. On y entre par un hall accueillant des commerces, un hall très chic, ou le soleil traverse des vitraux haut perchés. On y monte par un ascenseur, un vieil ascenseur en bois, en faisant glisser une porte en métal noir dépliante. Comme dans les films. L'intérieur de l'appart est bien plus modeste. La salle de bain est vieillotte, et la cuisine assez minable. Mais la terrasse est inondée de soleil. On se croirait à Barcelone, au milieu des immeubles en béton jaunâtre, noyés dans une véritable marée de fils électriques. La propriétaire, Cécilia, 33 ans, termine sa thèse de cinéma, et enseigne la littérature au lycée. L'autre habitant, Fernando, la quarantaine passée, travaille pour le gouvernement (fédéral, ou celui de Mendoza?). Il est vraisemblablement chargé des relations avec la presse. Il y a plein de bouquins, un chat noir, et pas mal de tranquillité. Moi, j'habite dans une chambre située sur la terrasse. C'est très lumineux. Normal, le mur n'est qu'une vaste baie vitrée. On y entend le vacarme de la ville. Une vrai serre. En été, je vivrai dans un four... Sauf si ma collègue de Lille, Pauline, préfère s'installer en haut, et me laisser la chambre du bas. Pour le moment, elle attend son petit ami qui lui rend visite cette semaine et pour une bonne vingtaine de jours. En bas, c'est plus intime. On y entre par une porte indépendante.
Vendredi, nous avons visité la fac. Bloc de béton au pied des Andes. Le cadre est magnifique. Reste qu'elle se situe à quelques mètres d'un quartier très pauvre. Un Bidonville d'ici. Pas de route, mais de la terre, et des chiens errant qui dorment un peu partout. A Mendoza, impossible de les louper. Ils errent dans les rues à toutes heures, et rappellent aux passants des quartiers chics que la pauvreté n'est jamais loin. Mendoza reste une ville huppée, touristique. Les bars y sont branchés, et je ne compte plus les cliniques privées... Le tourisme et la santé font bon ménage. On vient se faire refaire les seins, et puis après, on va skier sur les hauteurs des Andes. C'est bien moins cher qu'en Europe ou qu'aux États-Unis et puis ça fait vivre une ville. Mais autour d'elle, là ou les touristes se font rares, le luxe de Mendoza est loin. Un après midi, nous sommes allés nous promener en groupe dans le gigantesque parc de la ville, El parque San Martin. Les Argentins étaient de sortie, et aussi ceux qu'on ne voit pas dans les rues du centre ville. Leurs habits sont plus modestes, plus vieux, et souvent couverts de poussière. Les habitants de toute l'agglomération sont venus passer un dimanche au soleil d'Aout (à comprendre de Décembre), à boire le Maté en famille en laissant les enfants se faire des passes avec un Ballon, trifouiller l'eau dégueulasse du lac avec leurs mains, ou jouer avec de vielles bouteilles vides trouvées par terre; les remplir d'eau verdâtre, et les relancer dans la flotte.

La faculté de sciences politiques (nous en étions là) est sombre et triste. Une rénovation s'impose. France, Argentine, même combat: l'argent pour l'enseignement supérieur manque. A Mendoza, la UN Cuyo est une université publique. Aconcagua, Congreso, Champagnat... la majorité reste privé.

Le soir, nous mangeons avec nos colocataires. La discussion s'engage vite. On parle Football. Les Argentins en sont fous. Depuis que je suis ici, dès que je rencontre quelqu'un et que je dis que je suis Français, il me demande dans quelle ville j'habite et à quelle équipe cela correspond (ils connaissent toutes les équipes Françaises!). Le football, en voilà une autre chose universelle! Rapidement, la discussion devient politique. La question de l'identité Argentine est posée. Cécilia n'y croit pas. Pays de diversité historique, l'Argentine n'a, pour elle, aucune identité propre. On ne reconnait pas un Argentin d'un européen, alors qu'un Chilien est par exemple bien plus typé. L'argentine, c'est un peu un pays ou l'Europe c'est mélangée, diluée, pour au final former une nation nouvelle. Moi, pourtant, j'ai l'impression que de nombreux Argentins sont fiers de leur pays. Les drapeaux du pays flottent partout, et même les vendeurs dans les magasins en ont un, cousu sur leur chemise de travail! On me dit que c'est parce que l'on fête cette année le bicentenaire de l'indépendance. C'est vrai que l'État semble tout faire pour promouvoir cette fierté. Ainsi, le slogan de la banque nationale donne quelque chose comme: "Fier d'être de la nation". Cela dit, on le comprend l'État! De Buenos Aires à la Terre de Feu, il faut bien consolider ce territoire immense, en faire une entité lisible. Fernando, lui, défend bec et ongle son pays. Le Maté, le Dulce de Leche (sorte de caramel que les Argentins mettent un peu partout), ce n'est pas typiquement Argentin ça? Assez nationaliste, il regrette Peron, et se dit passionné de populisme. C'est surprenant, mais il me semble que de nombreux Argentins recherchent toujours le meneur charismatique. Plus tard, dans un resto, une Argentine désireuse de s'engager dans le débat politique me confit être Peronniste. Je demande alors quel gouvernement elle souhaiterait pour son pays, ce à quoi elle répond, sans gène, "un gouvernement s'inspirant du Fascisme à l'Italienne". Je suis étonné. Je me dit que le terme de fascisme n'est sans doute pas entendu en Argentine de la même manière qu'en Europe. En réalité, peut être que les années Peron, Videla... restent vives dans la culture politique Argentine. On y admire les figures d'autorité, et De Gaulle notamment. S'en est suivi une soirée dans un Bar, ou nous avons dansé toute la nuit... Avec beaucoup de Français (même si j'ai gouté, avec un ami Argentin, le Fernet, alcool Italien adoré de tous les Mendocinos)! Oui, Mendoza est bourrée de Français. Partout. Des étudiants d'IEP, d'écoles de commerce, de fac de langue et j'en passe. C'est aussi le cas à Valparaiso, m'a confié un ami qui y étudie également. Impossible de les éviter. Ils (nous) sommes partout. Dans toutes les colocs, dans toutes les universités... Je parle très peu Castillan en vérité. C'est de toute manière une chose courante dans les années "Erasmus". On se retrouve, on sort ensemble. C'est naturel. En fait, le communautarisme s'installe inconsciemment. Mais l'université ne commence que demain, alors, je me dis que c'est normal. Je me dis que c'est là bas que je rencontrerai vraiment des étudiants Argentins. Je me dis que c'est là bas que je parlerai (on y travaille beaucoup en groupe) plus. Je me dis que se mélanger prend du temps, plusieurs mois. Je me dis que les vacances d'été (ou d'hiver, comme vous voulez) sont encore loin. Je me dis de laisser passer les semaines. Je me dis de me laisser le temps de me couler doucement dans le moule de Mendoza. Je me dis que j'ai tout mon temps devant moi.

Je me dis que tout ne fait que commencer.

mardi 3 août 2010

Troisième entrée, 2 et 3 aout 2010






Reprenons ou nous en étions, c'est à dire à l'auberge de jeunesse. Après avoir passé un après midi avec deux Françaises de la faculté de Droit de Lille 2, je suis rentré dans l'idée de rester tranquillement au chaud dans l'auberge. Je garde de cette soirée un souvenir des plus agréables.
D'abord, j'ai sympathisé avec un groupe d'Argentins, deux filles de Buenos Aires, et deux garçons de Rosario (la ville de naissance du Che national, s'il vous plait!). Pour la première fois depuis mon arrivée, j'ai eu l'occasion de gouter au fameux "Maté", la boisson sans doute la plus fameuse de toute l'Argentine, qui se boit dans un petit pot, avec une paille en fer (ce qui, franchement, brûle complétement les lèvres). C'est assez bon je dois dire. S'en est suivit une longue conversation sur l'Argentine, sa diversité, et... sa vie politique (Présidence de Christina Kirchner, le mariage gay, légal en Argentine depuis quelques semaines à peine, la corruption...). Deux remarques s'imposent. D'abord, voilà trois fois que je parle politique avec les Argentins, et à chaque fois, cela suscite des débats passionnés. En ce sens, la démocratie Argentine me paraît en pleine forme. Je n'ai pas encore eu de réactions telles que "La politique? Je m'en fou", comme c'est fréquent en France. Deuxième remarque, tous dénoncent la corruption, apparemment profonde dans le pays (mais sans doute moins que dans les pays limitrophes). Ici me dit-on, tous sont corrompus: La gauche, la droite, les sénateurs, la police... Mais les langues, elles, sont bien déliées.
J'ai été, une fois encore, ému par l'hospitalité Argentine. On discute, on partage le Maté.

Est alors arrivé un groupe de Français. Des étudiants en vacances, parcourant l'Amérique latine entre amis. Ce fut une très belle soirée, dans cette auberge ou je me suis surpris à rêver aux routards d'antan. Jugez plutôt. J'étais là, à passer du Français à l'Espagnol, de l'Espagnol au Français et même un peu à l'Anglais (tant bien que mal), dans cette auberge en bois, reproduisant une cabane rustique aux lampions d'avant l'électricité. Beaucoup étaient bloqués à Mendoza. Ils voulaient passer au Chili par les Andes, mais aux dernières nouvelles, la route était bloquée par la neige. Ils restaient donc à l'auberge en attendant que la route soit dégagée, s'échangeant les dernières nouvelles "d'en haut".
C'est une chose fréquente à Mendoza, on ne sait jamais quand les cars peuvent circuler au col, et la situation du matin n'est pas toujours celle du soir. Bref, j'étais aux anges. On a joué aux cartes. Ils m'ont raconté les grosses galères de la Bolivie, les merveilles du Pérou, les moments de pures démerdes pour trouver un toit.
Il y avait un Français, Thomas, barbu, mal coiffé, qui en était à son troisième mois de voyage. Il projetait de partir pour un refuge, sur le Flanc de l'Aconcagua, afin de faire quelques randos, du parapente, et rester plus longtemps si affinité.
Puis est arrivée Camilla, un Brésilienne de 20 ans, le sang métissé par ses origines japonaises, magnifique. Étudiante en Relations Internationales, elle profitait des vacances pour se balader en Argentine. Elle était simple, gentille et spontanée, mélangeait le Portugais et l'Espagnol, connaissait l'Allemand pour avoir vécu un an à Berlin. Nous avons discuté de voyages, de l'Europe, du monde, et puis aussi des études.
Je suis allé me coucher des rêves plein la tête, mais le cœur lourd. Je savais pertinemment, en m'endormant, que demain je devais quitter l'auberge, pour ne retrouver cette ambiance magique (qui détrompez vous existe toujours) que dans quatre long mois. Ce sera alors à mon tour, pour un mois ou deux, d'arpenter les routes de l'Amérique latine.

Le lendemain, je suis allé m'installer dans cette résidence, que j'espère toujours n'être que temporaire. Pas de fenêtre dans ma chambre, une toilette/douche plus que vétuste (on tire la chasse en plongeant sa main dans le mur ou se trouve le réservoir, afin de soulever la ventouse). J'arrive dans un silence complet, après avoir galéré une heure au téléphone avec la responsable qui ne me comprenait pas, et que je ne comprenais pas. Tout était silencieux. Rien. Dans le couloir, j'entrevois par les ouvertures au dessus des portes des télés allumées. Les étudiants passent leurs journées devant, mais ne sortent pas. Je m'installe dans ma chambre, que je ne partage finalement qu'avec un seul argentin. La détresse monte. C'est triste. C'est sombre. Pas de rire. Rien. D'autres ont déjà trouvé une coloc. Pas moi. Impossible de connaître des gens plus longtemps qu'une journée. Mais il y a Maud, une Française d'Angers, ici pour trois mois. Étudiante en langue, elle tente de me rassurer. Elle connait ce mal, elle qui a déjà passé une année seule, à seulement 16 ans, aux États-Unis. Le premier mois est difficile. Je le sais déjà. Je le ressens déjà.
Elle me présente l'argentine qui partage sa chambre. Cynthia. Une fille super sympa. Elle nous prépare un plat local, elle nous sert du Maté. Un bon repas, un très bon moment. Après manger, Maud part pour sa faculté, mais avant, elle me donne l'adresse d'une maison disponible. Elle est, paraît-il, très sale, même si l'ambiance semble être là. Qu'importe la saleté, j'appelle le propriétaire et je m'y rends. 2747 calle Alpatacal. Mais la rue se termine au 1800! Je n'ai pas de portable pour le rappeler. Demi-tour. 5 cabines téléphoniques n'y feront rien, impossible de le joindre "Ce numéro n'existe pas", me dit-on. J'y retourne, qui sait, la ville change peut être de morphologie tout les jours à 17H, et je n'ai rien de mieux à faire. Étrangement, la rue est toujours la même, et se termine toujours au 1800. Je déprime un bon coup dans un parc, les mains gelées, avant de rentrer dans ma petite chambre, ou ma cellule, je sais plus trop.
La détresse est grande. Je la crache sur le net, à mes parents, à des amis.
Quand on touche le fond, on remonte. Alors, je vais frapper aux portes, me présenter, parler, échanger, même si tout est laborieux avec mon castillan bien fragile. Rapidement, je sers des mains, je discute. Et soudainement, tout va mieux. Les gens sont adorables, et déjà, se dessine des visages que je n'oublierai pas. Juan, jeune homme de Cordoba, étudiant en Œnologie me propose des cigarettes. Léo, mon compagnon de chambré, que je comprends mal, me raconte qu'il vit ici depuis deux ans, qu'il y étudie la médecine. Et Matias, vingt ans... il a quitté la résidence cette année, pour s'installer avec sa mère à quelques mètres de là. Il doit soigner son cancer, et fuir la fumée de cigarette qui remplit l'air de la résidence. Lui, il est passionné de danse. C'est ce qu'il pratiquait dans une école privée. Nous parlons musique. Le soir, je pars avec Maud et Léo boire une bière en ville. Un bar bruyant. Mais un bon moment. Mon moral joue au yoyo. Nous repartons à deux heures, sous la neige d'aout. Avant de dormir, il nous faudra tout de même dégager l'eau qui s'étendait devant la porte de notre chambre, à cause d'une gouttière mal fixée. Au final, c'était assez drôle.
Aujourd'hui, je vois Pauline. C'est l'autre étudiante de mon école. Nous partons visiter des colocs. Le taxi nous emmenée au fameux 2747 de la rue Alpatacal, qui existe bien, sans que je comprenne ou j'ai bien pu aller hier. C'est vrai. C'est sale, c'est mal isolé, c'est un vrai bordel. Mais on y attend un Mexicain et une Italienne, en plus de l'Allemande déjà présente. Je sais, je ne devrais pas y penser, mais pourquoi pas? Ce n'est que temporaire, puisque dans tout les cas, je devrais tout recommencer au prochain semestre (je ne vais pas payer pour un logement que je n'habiterai pas durant les vacances d'été, d'hiver pour vous, que je sois en France pour un stage obligatoire, ou quelque part sur le continent). Pauline me le déconseille. Elle a sans doute raison. Mais c'est mieux que ma triste résidence peuplée de belles personnes. .. C'est sur, c'est excentré... J'en sais rien. Cela reste une solution si à la fin du mois je ne trouve rien. Après un café pris avec Pauline, pendant lequel nous planifions notre journée de demain (ou nous aurons peut être enfin un portable!), je retourne à la résidence. Un nouveau venu me propose du Maté. J'accepte. Et me voilà, à écrire, un peu perdu entre tristesse, nostalgie, impatience, excitation, joie, doute, espoir, peur... C'est vrai ce qu'on dit. Le premier mois est difficile. Mais après ce mois, ici, se sera le printemps. J'espère que pour moi aussi.

Les photos présentent la résidence, et notamment ma mythique chasse d'eau. Bien sur, promis, je ne tarderais pas à vous fournir des photos de Mendoza!

dimanche 1 août 2010

Deuxième entrée: 30, 31 Juillet et 1 aout 2010






Me voilà enfin en Argentine, après un vol raté, la seconde tentative restera la bonne.


Et après? Après, Buenos Aires.


J'ai tenté de garder les yeux bien ouverts, malgrès la fatigue et surtout la pluie battante qui m'empêchait de voir quoi que ce soit à travers du bus reliant l'aéroport à la ville.


L'ambiance du premier quartier que j'ai foulé, Retiro, était assez particulière. D'abord, le mauvais temps ne le rendait pas vraiment attirant, et la gare dans laquelle j'ai trouvé un cyber café (équipé de PC d'avant guerre, aux connexions ultra-lentes, aux écrans qui ne cessent de trembler, aux souris fonctionnant un mouvement sur trois...) était assez glauque (et sombre!). La population, elle, relativement déséhéritée. Premiers contacts avec les prix argentins: bon marché. Le paquet de clope est à un euro, le ticket de métro à environ 25 centimes, et je me suis acheté une magnifique montre rose pale, couleur fille, pour à peine 3 Euros (je précise que je n'en avais pas).


Et après, direction la Plaza de Mayo, la mythique, le nerf de l'histoire argentine. Ce fut l'occasion de prendre le métro de Buenos Aires. Plutôt sale, vétuste, mais au final bien plus humain que l'impersonnel métro Lillois. Une perle d'ailleurs: certains waggons de la ligne A sont toujours... en bois, comme avant!


J'ai marché sous la pluie de cette capitale résolumment europèenne, qui n'est pas sans rapeller Paris d'ailleurs... Après un repas dans un fast-food quelquonque, je suis parti vers le fameux quartier de Palermo, toujours sous la pluie battante. Le quartier avait l'air sympa, mais tout était trempé, et surtout moi. Je me suis réfugié dans un bar lounge un peu hype, le temps de boire un "Cuba Libre". J'ai repris le métro pour retourner à Retiro, et gagner le terminal de Bus, pour ensuite partir vers Mendoza. Ce fut une des premières surprises. Le terminal de Bus était énorme. Une infrastructure impressionnante, un flux de voyageur discontinu, une petite dizaine de zones d'embarquements, une vingtaine de compagnies et de guichets...


En Argentine, il n'existe pas de réseau férré à l'échelle nationale. Les grandes distances se font en Bus. Equipés de sièges confortables et inclinables, de toilettes, le repas, ignoble d'ailleurs, est compris dans le prix. Littéralement broyé par la fatigue, je me suis tombé en quelques minutes dans un sommeil très fragile.

Au réveil, tout était différent. Le ciel était d'un bleu sans fausses notes, aveuglant presque. Le décors, lui, était parfaitement plat, et remarquablement arride. J'ai de suite pensé aux Westerns Mexicains. Mais bon, je n'ai jamais foulé le Mexique.


Sur le bord de la route, on peut croiser de petites maisons souvent croulantes, corps de fermes viticoles proposant, bien sur, d'acheter du vin. Pour le coup, pas de doute, Mendoza, c'est LA ville du vin. Fierté locale et mine économique, on y retrouve des cépages bien connus (Merlot, Cabernet Sauvignon...).

Les alentours de Mendoza m'ont paru bien pauvres. Entre rues en terre autour desquelles s'agglutinent des centaines de minuscules maisons aussi semblables qu'en mauvais Etat, les voitures d'un autre age qui circulent pourtant sans problème...

Mais Mendoza m'a paru de suite bien plus prospère, en tout cas pour le centre. Magazins de luxe, belles voitures (très souvent des Françaises d'ailleurs), Bars Lounges... Mendoza semble attirer le beau monde Argentin, et bien sur, les touristes, notamment Français.

Des Français, il y en a! Dans de nombreuses colocs, on retrouve un Français, en échange universitaire. Passons.


Me voilà dans mon auberge de Jeunesse. Sympa, en Bois, dans un pur style aventurier. Elle regroupe pas mal de touristes venus de Buenos Aires, des pays voisins (Chiliens et Brésiliens), et bien sur, des Europèens!


Une fois installé, la chasse au logement commence... Et elle commence mal. Sans portable, je dois utiliser les téléphones publics, qui m'énervent comme pas possible. Les plans repérés avant le départ sont déjà pris, et les hypothèses s'épuisent une à une. Je rencontre une Française logeant dans une résidence universitaire. Pourquoi pas après tout? C'est ici qu'on peut rencontrer le plus d'étrangers. Et puis, ce n'est qu'une solution d'attente, en espèrant mieux (ou une solution d'espoir, en attendant mieux, c'est selon). Bref, on verra demain. Je rentre à l'Auberge. Une bonne sieste s'impose. Le soir, les auberges de Jeunesses de la ville organisent une soirée BBQ. A bout de force, trois courtes nuits derrières moi, je m'y rend curieux, mais exténué.

Ce fut en fait vraiment sympa, et l'occasion de vérifier les bases de mon Espagnol, ou plutôt de me mettre en confiance. J'ai pu vraiment bien parler avec plusieurs personnes, notamment un Brésilien, avec qui j'ai discuté une bonne heure de l'Amérique Latine, de L'Europe, des voyages et même de politique. J'ai aussi pas mal échangé avec une Allemande qui maitrisait bien le Français. Mais bien sur, le discussion fut Espagnole. Non mais!

Mais je n'étais pas d'humeur à veiller. J'avais besoin d'une seule chose: Un lit.


Je me suis éclipsé à Minuit.


Ce matin, j'émerge à 8H. Foutu décallage horaire! je me voyais bien rester planqué jusqu'a dix heures. Pas fou, j'ai attendu deux heures sans retrouver le sommeil, assez soucieux et inquiet. La solitude commencait à peser. Parler ici et là, c'est bien. Mais j'ai besoin de quelque chose de plus stable.

Il est temps de trouver un toit, et surtout un groupe d'amis.


Je réessaye quelques colocs, sans succès. Tant pis. Va pour la résidence. Le prix est modique (600 Pesos, 120 euros par mois). L'ambiance sera, j'espère (je prie plutôt) au rendez vous. Ma chambre est petite, sans fenêtre, et j'ai choisi de la partager avec 2 autres personnes. Le reste, je m'en fiche. Mis à part la chambre, les locaux sont corrects, et puis Mendoza est la ville du beau temps. Ma chambre, c'est pour dormir. Le jour ou j'en aurai marre, je partirai pour autre chose. De toute manière, une fois que le premier semestre sera terminé (fin Novembre), toutes les cartes seront redistribuées. Pour le moment, j'espère juste avoir une main chanceuse.

(Les photos sont toutes de Buenos Aires, sauf la première, au départ de CDG)


Première entrée: Début Juillet 2010.



En réalité, je ne connais absolument pas l’Argentine, et lorsque je tente de réunir les quelques images que j’en possède, je me trouve à chaque fois devant un portait marqué de paradoxes. Pays riche dans un sous continent plus modeste ? Argentine latine, ou résolument européenne ? Puissance de demain, ou d’hier (en 1950, le pays était mieux classé que la France en terme de PIB par habitant. L’Argentine post seconde guerre mondiale rayonnait réellement, en assurant de nombreuses productions que l’Europe avait sacrifié pour l’industrie de guerre) ? Argentine sereine de Buenos Aires, ou Argentine fragile et d’argile, à l’image de sa crise économique et financière de l’an 2000 (et qui a, paraît-il, profondément traumatisé sa population) ?

Autant de questions, auxquelles je ne peux répondre, et auxquelles je ne répondrais jamais de façon définitive, mais qui justifient bien un topo rapide sur ce pays.

La République d’Argentine est un pays hispanophone d’Amérique du Sud qui partage ses frontières avec le Chili, La Bolivie, le Paraguay, le Brésil et l’Uruguay (voyez donc la carte pour plus de précision). Anciennement possession de la couronne d’Espagne, l’Argentine gagne peu à peu son indépendance, entre la Révolution de Mai 1810, commencée le 25 Mai de la même année (et s’inspirant grandement de la révolution Française, ce qui explique d’ailleurs la présence du bonnet phrygien sur le Blason Argentin).

Profondément catholique, ce pays est sans conteste le plus « Européen » de l’Amérique Latine, et en même temps le plus développé. J’imagine donc que certaines problématiques propres à d’autres pays voisins (Brésil…) ne s’y retrouvent pas. L’Argentine reste en effet remarquablement bien classée par de nombreuses enquêtes. Une enquête de 2008, par « international living », la classe en treizième position, sur 192. Le dernier classement conjoint des universités américaines de Yale et Columbia à propos des performances écologiques place le pays en 38ième position (sur 149). L’indice de développement humain, administré par le PNUD, place l’Argentine en 38ième place, sur 177… En revanche, les indices sur la corruption et d’effectivité de la liberté de presse restent médiocres (respectivement 105ième sur 180 selon «Transpenrency international» et 68 sur 173 selon reporters sans frontières…)

Administrativement, l’Argentine est divisée en 23 provinces relativement indépendantes (par exemple celle de « Terre de Feu, Antarctique, et Iles de l’Atlantique Sud » a à sa tête la ville d’Ushuaia). Souvent, les provinces portent le nom de leur capitale. La province de Mendoza à donc comme capitale Mendoza. Pour simplifier un peu, l’Argentine est généralement divisée 5 régions distinctes :

-« Las Pampas » : A l’Ouest et au Sud de Buenos Aires, cette région est plutôt humide.

-« El Gran Chaco » : Au nord du Pays, aux saisons sèches et humides. On y trouve une végétation subtropicale (forêt), propice à la culture du coton.

-« La Mesopotamia » : Zone tropicale, on y trouve les très fameuses Chutes d'Iguaçu séparant l’Argentine du Brésil.

-« La Patagonia » : De semi-aride à aride, ici, c’est le froid qui règne. C’est aussi une terre de grands lacs et de belles forêts.

-« El Cuyo » : Pour finir, la région de Mendoza. C’est l’Ouest de l’Argentine, ou trône la cordillère des Andes. Région Aride et accidentée, on y pratique pourtant l’agriculture (c’est ici qu’est produit le vin Argentin), grâce aux cours d’eau qui descendent des massifs.